Dans le rétro du Stade : Avant Mont-de-Marsan

Dans le rétro du Stade : Avant Mont-de-Marsan


Depuis la saison 1952-53, les Jaune et Noir rochelais et montois se sont rencontrés à 31 reprises, dont un 16ème de championnat de France : le 19 mars 1972 à Mont de Marsan, remporté par le Stade Montois 23-16. Les deux équipes présentent des statistiques équilibrées avec 14 victoires rochelaises, 16 montoises et un nul lors des 15 confrontations en 1ère division, 14 en PRO D2 et deux en Bouclier Européen. Nous relaterons dans ce « rétro du Stade » un épisode cocasse d’un rugby à l’ancienne, raconté par Jean Audrain, préparateur physique du Stade Rochelais.

20 octobre 1957 : Le soigneur soigné…

Pour l’ouverture du championnat 1957-58, le Stade Montois avec ses internationaux Bourdeu, Pascalin, Darrouy et Boniface, était l’hôte des Rochelais. Un temps splendide, la foule des grands jours, une chaude ambiance dans les travées de Deflandre et deux équipes qui attendaient d’en découdre. Bien entendu, les Rochelais n’avaient pas l’intention de céder face à ces prestigieux visiteurs. Les premières mises en mêlées sont plus que généreuses mais les locaux ne se laissant pas impressionner, quelques échauffourées émaillent le premier acte.

Surprise ! Les rochelais tiennent en respect les avants montois qui, voulant châtier leurs vis- à- vis, tardent à utiliser leur cavalerie tout en ayant recours à des procédés peu glorieux. Et l’intimidation est régulièrement sanctionnée par l’arbitre.

A la 60ème minute, le score toujours vierge allait être ouvert dans des conditions plutôt cocasses. Sur une énième faute adverse, l’arrière local Milhas s’approche pour tirer le coup franc. Derrière les poteaux montois, un représentant landais et Marcel Frémaudeau, le soigneur stadiste connu de tous. Le ballon s’élève, part très haut et va passer entre les barres. Frémaudeau lève déjà son drapeau en signe de réussite. C’est alors qu’un coup de vent malicieux, soufflant en hauteur, détourne à l’ultime seconde la balle de sa trajectoire victorieuse. L’arbitre de touche montois secoue son drapeau entre ses genoux mais notre soigneur, inconscient ou rêveur, tient toujours son ustensile levé. Et le directeur de jeu, M Mano, accorde le but après quelques hésitations.

En moins d’une seconde, quelques beaux « gaillards » montois tombent à bras raccourcis sur le pauvre Frémaudeau et l’étendent pour le compte…. Le renfort ne tarda point pour une mêlée générale mémorable. L’arbitre menacé à son tour par les Landais se retira du terrain pour revenir cinq minutes après, sous les objurgations du délégué fédéral. Le dénouement fut plus heureux puisque Bidart ajouta un essai, en fin de rencontre, dénué de tout litige. Quant à notre brave Frémaudeau, il dut aux civilités du talonneur Pascalin une mâchoire endolorie et quelques jours de régime-purée !

Extrait du livre de J. M. Blaizeau « 100 ans de rugby au Stade Rochelais »

Photo : Marcel Frémaudeau