Les Rochelais se sont fait du bien en battant Clermont 16-12, samedi soir. Impériaux en défense et en conquête, ils ont considérablement gêné le jeu d’Auvergnats puissants et roublards, avant de passer devant au score dans les derniers instants, libérant les 15 000 spectateurs.
"Dix minutes un peu fébriles"
Les Jaunards l’avaient annoncé : ils venaient pour gagner. Et à voir leur engagement dès le coup d’envoi, difficile de douter de leurs intentions. C’est dans les rucks qu’ils ont profité du relatif retard à l’allumage des Rochelais, récoltant trois pénalités tentées, pour deux converties par Brock James. "Au début, on avait la pression, c’était quand même un match à gros enjeu, analyse Julien Audy. On a eu dix minutes difficiles en première mi-temps, où on a été un peu fébriles. Et puis ils ont des joueurs de haut niveau qui savent ralentir les ballons, qui jouent très bien avec la règle." D’où un Stade Rochelais forcé de rester dans son camp dans les premières minutes du match.
Le vent virevoltant incite alors les ouvreurs des deux équipes à user du jeu au pied. Parfois trop long, il donne néanmoins une trajectoire tournoyante au ballon, amenant inévitablement des en-avant à la réception. Et permet aux Maritimes, vent dans le dos, de se dégager correctement grâce à la puissance des bourrasques face à une défense qui monte très vite et complique le jeu au large. Les Jaune et Noir insistent alors dans l’axe par Botia, Qovu et Pelo, progressent, déstabilisent le rideau clermontois et leurs défenseurs : un plaquage haut sur Grant, et l’ouvreur se fait justice en ouvrant le compteur maritime (3-6, 28e).
Les joueurs prennent davantage d’initiatives et la furia rochelaise commence à se faire sentir. De leur camp, les gros prennent l’axe, passent après contact, et ouvrent au large une fois la ligne d’avantage franchie. Qovu puis Pelo jouent parfaitement le surnombre sur la droite, Hingano percute et temporise sur les 40 mètres adverses. Le jeu rebondit grand côté sur Gourdon qui perfore, entre dans les 22 mètres de Clermontois obligés de se mettre à la faute. Grant convertit et ramène son équipe à égalité, 6-6 (32e). Après une énorme occasion clermontoise avortée par un excellent retour de Bobo, James redonne l’avantage aux siens à la pause (6-9, 40e). Tout reste à faire.
Et la pénalité fut vite jouée
Au retour des vestiaires, les esprits s’échauffent. Une échauffourée, deux cartons jaunes pour Bonnaire et Eaton. Un plaquage haut, Nakaitaci dix minutes dehors. En supériorité numérique, les Rochelais ont l’occasion de passer devant, mais se heurtent à la qualité de la meilleure défense du championnat. "À chaque fois on était près de marquer, mais on n’y arrivait pas !" s’agaçait encore Leandro Cedaro à l’issue de la rencontre.
À nouveau 15 contre 15, les Rochelais assistent au réveil des Clermontois qui pilonnent la ligne et tentent les prises d’intervalles par Nakaitaci, Delany ou James. Mais les Jaune et Noir ont toujours résisté grâce à un excellent rideau défensif qui n’a rien laissé passé. "On n’aurait pas pu gagner sans une bonne défense", se félicite d’ailleurs Julien Audy. Et si la mêlée a été mise en difficulté sur la rentrée de Domingo (6-12, 59e), la conquête rochelaise a enrayé la machine auvergnate. Par trois fois, Eaton a parfaitement lu l’alignement adverse et volé de précieux ballons d’attaque dans ses 10 mètres. Titulaire à gauche de la mêlée, Vincent Pelo savoure : "En mêlée c’était un peu compliqué, on a travaillé toute la semaine par rapport à cette mêlée de Clermont qui est très, très bonne. On s’est fait pénaliser une ou deux fois, mais dans l’ensemble on a su les contenir. La touche nous a surtout beaucoup aidés."
En toute fin de match, les Rochelais, revenus à trois points, mettent la main sur le ballon dans les 22 mètres clermontois et ont l’occasion de renverser la vapeur, dans un Marcel Deflandre électrisé. En touche, le maul progresse et met les gros adverses à la faute. Pénalité dans les 22 mètres, l’occasion de revenir à 12-12. Les Rochelais vont en touche. Leandro Cedaro explique : "On choisit d’aller en touche et de jouer vite, ça montre notre confiance en nous, mais si on prend la pénalité et qu’on fait match nul, je ne suis pas sûr qu’on soit content à la fin." Nouveau maul qui châtie l’ASM, avantage en cours, Grant adresse une transversale sur la droite à Hingano qui remet à Roudil. Nouvelle faute. Appelé par Gourdon, Barraque joue vite et va défier la défense, à 5 mètres. Une superbe passe claquée de Roudil, un plongeon dans l’en-but d’Hingano plus tard, et le Stade exulte au terme de trois minutes de folie, insoutenables. Le Président Merling peut serrer les poings et les dents, les yeux rouges et humides.
Le pilier rochelais savoure : "Tout ce qu’on a travaillé la semaine et les semaines précédentes, ça a payé, contre une très grande équipe de Clermont." Cedaro acquiesce : "On n’a jamais lâché, ça fait longtemps qu’on bosse, et on n’était pas récompensés". Cette fois, le travail a payé. La Rochelle tient sa victoire, et est plus en vie que jamais dans la course au maintien.
N.C.