Retour sur le sixième bloc

Retour sur le sixième bloc


Entamé à Bourg-en-Bresse et achevé à Agen, ce sixième bloc de matchs s’est avéré extrêmement positif pour l’Atlantique Stade Rochelais. Avec 2 réceptions (Béziers, Narbonne) pour 3 déplacements (Bourg-en-Bresse, Colomiers, Agen), les Rochelais affichent en effet un bilan de 4 victoires, trois bonus offensifs et une défaite.

Des bonus et de la concentration

Alors que le précédent bloc avait fait l’objet de certaines critiques dans le contenu, force est de constater que celui-ci a été unanimement salué. Pour une amélioration du plan comptable, d’abord, grâce aux trois bonus offensifs glanés face à Bourg (23-9), Béziers (27-7) et Narbonne (48-17), mais aussi dans le contenu. L’entraîneur Patrice Collazo commente : « Ce bloc est très positif sur le plan comptable avec notamment trois bonus. Mais ça a été rendu possible car les conditions climatiques ont été plus propices à envoyer du jeu, et on a été plus réalistes qu’on a pu l’être tout au long de l’hiver. » Les Rochelais ont toujours tenu le score : le bonus offensif à Bourg-en-Bresse alors que les locaux cherchaient désespérément un bonus défensif en fin de match, face à Béziers quand les Biterrois souhaitaient marquer un essai pour enlever le bonus des Rochelais, ou encore à Colomiers alors que les locaux pressaient longuement la ligne d’essai maritime pour arracher la victoire (20-14). Surtout, ils ont su mettre le coup de collier nécessaire pour garantir le bonus offensif face à Narbonne. Pas de doute, les Jaune et Noir ont gagné en concentration sur ce bloc.

L’entraîneur maritime précise toutefois qu’il n’y a pas eu de révolution, mais une concrétisation des efforts entrevus à l’entraînement : « Ce bloc a été très bon, mais on a quand même su garder un bon niveau de jeu tout au long de l’hiver malgré des blessures et des conditions compliquées, on avait eu de la constance sur le plan comptable malgré du déchet. » Une montée en puissance a néanmoins bien eu lieu, de manière progressive. À Bourg, les Rochelais n’avaient vraiment joué que la seconde période (20 points inscrits). Contre Béziers, tous les points ont été inscrits au cours de la première mi-temps. Et contre Narbonne, c’est pendant quasiment 80 minutes que les Jaune et Noir ont déroulé leur rugby. Sur cette progression, Patrice Collazo ajoute : « Au fur et à mesure, les joueurs maîtrisent davantage les choses et sur certains matchs on voit des choses positives. Le but, c’est de tenir 80 minutes, ça c’est l’idéal mais c’est compliqué, surtout contre des équipes qui à chaque fois jouent leur maintien ou la qualif’. On a franchi des paliers jusqu’au match abouti contre Narbonne, avec des bonnes 1e mi-temps, des bonnes 2e mi-temps, pour arriver à des matchs aboutis. Le but c’est de rester constants sur 80 minutes. »

Des arrivées et des confirmations

Ce bloc a en outre été l’occasion de voir arriver de nouveaux joueurs, et d’en voir certains confirmer leur potentiel. Sireli Bobo (ailier) et Levani Botia (centre) ont été recrutés en qualité de jokers médicaux, et ont respectivement commencé à jouer à Bourg-en-Bresse et à Colomiers. À chaque fois, ils ont cassé la baraque avec leur vitesse, leurs appuis et leur activité offensive et défensive. Pour l’entraîneur rochelais, « L’arrivée des jokers a été conditionnée par des blessures, mais on n’avait aucun doute sur la valeur de Sireli (Bobo) qui est un joueur de très haut niveau, donc à ce niveau-là il n’y a pas de surprise. On est aussi très satisfaits de l’apport de Lep’s (Botia), qui s’est très vite intégré grâce à Sireli, Albert (Vulivuli) et Kini (Murimurivalu). Il a été opérationnel très vite et s’est fondu dans le groupe très vite. » Déjà auteur de 3 essais, Bobo peut compter sur des appuis déroutants et une vitesse de pointe impressionnante, tout comme Botia qui est quant à lui très sûr défensivement et omniprésent à l’image de sa prestation contre Narbonne, ce qui lui a valu de prolonger son contrat avec le club maritime jusqu’en 2016.

Ce bloc a par ailleurs été l’occasion de voir certains joueurs franchir un palier, à l’image de Charles Lagarde repositionné avec succès au centre de l’attaque rochelaise et titulaire à 4 reprises sur ce bloc. Au milieu de toutes les satisfactions individuelles, Julien Audy est par exemple revenu à son meilleur niveau après sa blessure contractée lors du bloc précédent et a été titularisé 5 fois. Avec Julien Berger, le Stade Rochelais peut compter sur deux demis de mêlée de très haut niveau et en pleine forme. Thomas Soucaze a également réalisé de bonnes séances d’entraînement et a pu être titularisé 3 fois pour 5 feuilles de match. Sur cet aspect individuel, Patrice Collazo y voit surtout l’émulation de la concurrence : « Dans chaque bloc il y a des satisfactions individuelles. Après, le positionnement de Charles, on y a pensé au cours de la saison mais il a été retardé par la force des choses avec les blessés. Tout le monde est impliqué, il n’y a aucun joueur laissé sur le côté, nous on fait simplement jouer la concurrence. Et là on arrive dans la meilleure situation possible avec tous les blessés qui reviennent, à part Loann (Goujon) et Kini. »

Un renouveau défensif et offensif

Au niveau du contenu, l’équipe a largement resserré les boulons en défense, après un léger passage à vide lors du précédent bloc. Les 3 essais encaissés à Agen (18-33) atténuent un peu les statistiques défensives, qui n’en demeurent pas moins très bonnes : seulement 80 points et 7 essais encaissés en 5 matchs, au point d’être remonté à la 2e place du classement des défenses. À ce propos, Patrice Collazo précise : « En défense on est capables de très bien défendre comme on est capables de prendre des essais casquette et très faciles. Personnellement, je ne résume pas la défense au match d’Agen, ce serait fausser tous les progrès qu'on a faits. Pour moi, ce match a des circonstances particulières, on n’avait pas été bons dans la gestion et l’alternance. Agen a été plus fort que nous sur ce match dans l’intelligence tactique, mais ça ce n’était que la vérité d’un dimanche. » Mise à part un passage à vide en première mi-temps contre Agen dû à des erreurs individuelles, la défense a été très bonne.

Offensivement, avec 136 points et 14 essais marqués, c’est le bloc le plus prolifique depuis le début de la saison. Alliant précision offensive et rapidité, l’attaque jaune et noire a franchi un palier et s’est montrée plus efficace. Pour le coach maritime, c’est essentiellement le fruit de la continuité du travail quotidien des joueurs : « Le contenu a été très satisfaisant. Pour l’instant, nous on n’a jamais rien revendiqué, à part de nous laisser travailler tranquillement. On est l’équipe qui a été le plus de fois 2e du championnat, et on ne peut pas l’être aussi longtemps sans une bonne défense et une bonne attaque. Résumer une saison à des matchs comme contre Agen, ou à moitié aboutis, moi je raisonne pas comme ça. Moi je raisonne en logique et en investissement quotidien. Je sais que les joueurs travaillent beaucoup. On aimerait que ça paie tous les week-ends, des fois ça paie, des fois ça paie pas comme contre Agen. Après, il faut en tirer les leçons, il ne faudra pas refaire les mêmes erreurs sur la fin où la marge d’erreur sera encore réduite. » La défaite à Agen montre peut-être qu’il reste encore un dernier palier à franchir pour les Jaune et Noir ?

Et maintenant ?

De retour du stage programme la semaine dernière, les Rochelais ont pu resserrer les liens du groupe : « Le stage était programmé depuis un moment, puisque cet été on n’en a pas fait. On voulait sortir un peu du cadre de La Rochelle, où certains joueurs vivent 7 jours sur 7, et changer de contexte, sans la pression d’un match du week-end. Ça a été très positif sur le plan du travail, avec des séances très sérieuses et studieuses, tout en réussissant à passer du temps ensemble sur des activités plus marrantes. C’est ça qui fait partie de la construction d’un groupe. »

Le groupe est donc soudé et prêt à progresser encore davantage pour finir la saison en trombe, avec 3 matchs avant les phases finales. Patrice Collazo conclut : « Les progrès à accomplir, c’est à la fois rien et beaucoup. Nous les entraîneurs, pour qu’on soit satisfaits, faudrait jouer comme les Blacks (rires). Non plus sérieusement, ce serait bien de maîtriser ce qu’on est capables de maîtriser. On est capables de faire de très bonnes choses, un très bon match contre Narbonne, et la semaine d’après de mettre les choses à l’envers à Agen. On voudrait une synthèse de tous les progrès qu’on a faits depuis le début de la saison, et sur les derniers matchs réussir à être simples et précis. Là, on arrive dans le money time, et le money time c’est la précision avec des matchs qui auront une incidence directe sur le classement, et surtout les phases finales. » Au terme d’un bloc très satisfaisant sur le plan comptable et le contenu, les Jaune et Noir savent ce qu’ils ont à faire.

N.C.