Retour sur le dernier bloc

Retour sur le dernier bloc


Retour sur le dernier bloc Depuis la trêve internationale du week-end du 1e au 2 février, l’ASR a participé à quatre rencontres : Auch, Pau puis Bourgoin à domicile, ainsi que Carcassonne à l’extérieur. Entre victoires et performances mitigées, retour sur un dernier bloc assez paradoxal.

4 matchs, 4 victoires : un excellent bilan comptable

Avant ce bloc et après la défaite à Dax (9-12 lors de la 18e journée), le Stade Rochelais avait 55 points et pointait à la 4e place du championnat, à 1 point de Pau, 6 points d’Agen et 10 points de Lyon. À l’issue de ce bloc et après 4 victoires en autant de rencontres, l’ASR compte 71 points, 3 points devant Pau, 5 points devant Agen, mais reste toujours à bonne distance du leader lyonnais (12 points).

Sur le plan comptable, les Jaune et Noir ont donc parfaitement rempli le contrat, réussissant à dépasser les deux clubs qui les précédaient au classement, et empochant 16 points sur 20 possibles. Il ne semble donc pas y avoir grand-chose à redire à première vue. On remarque cependant que l’écart avec le leader s’est tout de même accru de deux points, preuve que le parcours des Rochelais sur ce bloc n’est pas le meilleur, les Lyonnais ayant glané deux bonus offensifs. Le bilan comptable rochelais est donc très bon, mais pas parfait, surtout au vu du déroulement des rencontres.

Des velléités offensives gâchées par la finition

Les Rochelais peuvent en effet s’en vouloir d’avoir laissé au moins deux bonus offensifs en route, notamment contre Auch et Bourgoin. Contre Auch, en dépit des intempéries, les Jaune et Noir auraient pu inscrire le 3e essai synonyme de bonus offensif, mais n’en ont pas été capables. A cause d’un ballon glissant d’une part, mais également par manque d’efficacité offensive d’autre part. Ce bloc a en effet mis en relief les difficultés des Maritimes à concrétiser leurs occasions lorsqu’elles se présentent, que ce soit à cause de fautes de main qui avortent des essais tout faits (contre Bourgoin et Auch), d’un équilibre précision/vitesse trop rarement maîtrisé (en seconde mi-temps contre Carcassonne et en première contre Pau notamment), ou d’un manque de soutien offensif après une percée (contre Pau).

Pour ne rien arranger, la conquête a été défaillante en cette fin de bloc. Les meilleures rampes de lancement de jeu, surtout la touche, ont été en difficulté sur la fin du bloc et ont par conséquent réduit drastiquement les munitions offensives des Jaune et Noir, diminuant leur potentiel offensif. Pour autant, les Rochelais ont inscrit beaucoup de points lors de ce bloc, 107 exactement, soit environ 27 points par match. Ils sont davantage issus des pénalités transformées par la botte de Fortassin que des essais, mais on peut légitimement considérer qu’ils sont également le fruit d’un adversaire dépassé par la capacité d’accélération des Rochelais et obligé de commettre des fautes pour ne pas encaisser d’essai. Au bout du compte, les Rochelais ont inscrit 9 essais en 4 matchs. Quand on voit qu’ils en ont également encaissé 9 (3 lors de chacun des trois derniers matchs), marquer trois essais de plus que l’adversaire pour récupérer un bonus offensif paraît extrêmement compliqué. En résumé, ce n’est pas tant la prise d’initiatives des Jaune et Noir, les franchissements, ni les ballons écartés qui ont posé problème, mais bien la capacité à bonifier les ballons d’attaque et à concrétiser les occasions d’essai.

Une défense plus friable

La défense elle aussi s’est avérée globalement décevante, les Jaune et Noir ayant encaissé 86 points et 9 essais lors de ce bloc. Alors que les soucis étaient essentiellement offensifs face à Auch (seulement 6 points encaissés), la solidité défensive du Stade Rochelais, jusqu’alors meilleure défense de Pro D2, s’est progressivement délitée. 3 essais encaissés contre Pau en peu de temps issus de plaquages manqués, 3 essais encaissés contre Carcassonne dont 2 essais d’avants en force après un maul, et enfin 3 essais d’arrières encaissés contre Bourgoin, dont une première main. Plutôt étonnant par rapport à la force défensive rochelaise, véritable roc jusqu’alors, à présent reléguée à la 3e place des meilleures défenses derrière Lyon et Pau. À titre individuel, l’efficacité aux plaquages a péché. Pour le prochain bloc, il faudra sérieusement resserrer les boulons.

La discipline a également été moins bonne qu’à l’accoutumée. Les Rochelais ont commis bien plus de fautes que lors du reste de la saison, ce qui a permis à l’adversaire soit de sortir de son camp et d’occuper celui des Rochelais, soit de marquer directement des points. Si certaines fautes dans les rucks ont avorté les attaques maritimes, la plupart ont bien été commises en situation de défense et illustré les carences des joueurs et du rideau rochelais, moins imperméable. À ce titre, les deux cartons jaunes encaissés en fin de match contre Carcassonne et Bourgoin sont représentatifs de ce manque de concentration et de discipline. Plaquages manqués d’un côté, indiscipline de l’autre, on comprend aisément pourquoi les Rochelais ont été plus bousculés en défense que d’habitude.

Que retenir de ce bloc ?

En dépit des problèmes soulevés, ce bloc s’est soldé par 4 victoires et non pas 4 défaites. L’inefficacité offensive décelée lors de ce bloc est toute relative, cette série de 4 matchs étant la plus prolifique des rochelais depuis le début de la saison en termes de points marqués (107), juste derrière les 4 premières rencontres (109). Les Rochelais se sont procuré de nombreuses occasions, ont mis l’adversaire à la faute par une bonne vitesse d’exécution, et ont engrangé les points. La grosse déception, c’est que les maladresses ont privé les Jaune et Noir de nombreux essais qui auraient pourtant été mérités, et davantage représentatifs des velléités offensives rochelaises.

La défense ayant trahi les Jaune et Noir sur ce bloc, ils ont encaissé des points et ont souvent été menés au score ; un gros mental a permis de renverser la situation à chaque fois pour l’emporter, les offensives rochelaises s’étant alors révélées efficaces. Cette capacité de réaction par à-coups est très positive mais également révélatrice d’une concentration moindre lorsque le match est dominé, d’où peut-être les fautes individuelles défensives (plaquages) et offensives (en-avant), permettant à l’adversaire de revenir : les Rochelais ont eu du mal à rester concentrés et appliqués pendant toute la durée des rencontres.

C’est de ce mental de tueurs que les Maritimes ont besoin pour effectuer des prestations de grande qualité, comme en première mi-temps contre Carcassonne, en fin de première période contre Bourgoin, ou encore en deuxième mi-temps face à Pau : les lancements étaient précis, rapides, bien exécutés avec la finition au bout, et la défense était en place, solide, avec un bon contest dans les rucks. Retrouver l’efficacité et la précision dans les actions offensives comme défensives permettra aux Rochelais de se faire moins peur, de tuer les matchs quand ils en auront l’occasion pour aller chercher un bonus, et d’interdire à l’adversaire d’inscrire le moindre essai, tout en commettant le moins de fautes possibles.

Largement perfectible compte tenu de son énorme potentiel, le Stade Rochelais continue pourtant de gagner. S’il parvient à régler la mire là où la machine s’est enrayée, il pourra le faire avec des marges bien plus importantes.

N.C.