Dimanche, le stade Marcel Deflandre s’habillera aux couleurs des phases finales pour la réception de la Section Paloise en demi-finale de Pro D2. Face à un adversaire qu’ils connaissent bien, les Rochelais s’attendent à un match où le combat et la conquête seront primordiaux pour décrocher leur billet pour la finale.
Des Palois solides et en forme
Après avoir connu quelques difficultés au début de la phase retour, le moins que l’on puisse dire c’est que les Palois se sont bien ressaisis. 4e au classement avec 93 points, ils se présentent à Marcel Deflandre avec une belle dynamique de victoires, à domicile face à Albi et Mont-de-Marsan, et à l’extérieur contre Aurillac, Carcassonne et Colomiers, dimanche dernier. « C’est une équipe qui a vécu une saison en dents de scie, avec dernièrement 5 victoires d’affilée dont 3 à l’extérieur, ça montre la qualité de ce groupe, les valeurs de ce groupe, qui comporte des joueurs importants à des postes clés et qui peuvent faire la différence. Ils sont capables de se transcender pour les grands matchs, mais on connaît leurs qualités », acquiesce Fabrice Ribeyrolles. Patrice Collazo lui emboîte le pas : « Ils sont restés constamment dans le Top 5 ! Comme toute équipe, dans une saison il y a des hauts et des bas comme nous on a pu en connaître. En termes de cohérence et de constance de performances ils ont été égaux à eux-mêmes toute la saison. C’est une équipe qui voyage très bien et présente des garanties solides quand elle s’exporte. Ils ont su gagner les matchs quand ils devaient les gagner, parfois de très peu mais ça compte. » Les Palois ont en effet su remporter récemment des victoires précieuses sur le fil, à Aurillac grâce à deux pénalités de Hough dans les dernières minutes (victoire 18-16), ou encore à domicile contre Albi avec un essai de Monzeglio à la 79e (victoire 28-27). Face à une équipe en forme, les Rochelais devront rester concentrés 80 minutes.
La Section Paloise peut s’appuyer sur des joueurs clés, notamment Josefa Domolailai, troisième ligne centre perforateur, Taniela Moa, demi de mêlée et véritable chef d’orchestre du jeu palois, parfois replacé à l’ouverture, ou encore Elijah Niko, joker médical recruté cette saison et auteur de 12 essais, assez pour convaincre le staff de le prolonger pour deux saisons. Pour contrecarrer le jeu béarnais, les Rochelais devront particulièrement surveiller ces joueurs et les faire déjouer collectivement. « Il faudra les priver de ballons, être efficaces en défense, ne pas laisser d’espaces aux Palois, les étouffer défensivement. Il n’y a pas de recette miracle, c’est toujours la même, si on a des ballons et qu’on est bons en défense on passe, que ce soit Pau ou une autre équipe. Il faudra être précis dans notre jeu, éviter les approximations pour empêcher les Palois de scorer. C’est la même recette que d’habitude mais là il faudra être plus exigeant et plus précis parce que la moindre erreur peut coûter cher », détaille Fabrice Ribeyrolles.
Combat, conquête et discipline : les clés du match
Le match sera essentiellement un combat d’hommes. Les Palois sont réputés pour leur solidité et leur rudesse. « Pour être en demie il faut être solide et complet, et effectivement la Section Paloise s’appuie sur ces qualités-là, le combat et l’engagement physique », confirme Patrice Collazo. Nul doute que les Rochelais devront s’atteler à rivaliser dans le combat et l’impact physique avant de pouvoir imposer leurs velléités offensives. Fabrice Ribeyrolles ne dit pas autre chose : « Comme toute demi-finale, il faudra le niveau d’engagement, d’agressivité et de combat nécessaire pour s’imposer sur toutes les phases de contact. Le rugby c’est un sport de combat donc il faudra bien sûr s’imposer dans ce domaine, dans les phases de rucks et les zones de contact. L’équipe qui gagne les zones de combat l’emporte, c’est valable pour Pau et pour toutes les autres équipes. » Poussés par plus de 12 000 supporters, dans un stade à guichets fermés, les joueurs n’auront pas besoin de se forcer pour se transcender.
En phases finales, les détails ont encore plus d’importance. Chaque erreur se paiera cash, et les munitions seront précieuses. La conquête devra être propre et offrir de bons ballons après une touche ou une mêlée. Patrice Collazo confirme : « Avec une bonne conquête on pourra gagner des ballons propres et les exploiter. Je pense que comme il y aura peu de place pour le superflu, la moindre occasion, une mêlée ou une touche près des lignes peut donner un bon ballon d’attaque. Et sur ces matchs-là où tout est verrouillé il suffit d’un bon ballon bien exploité pour marquer des points. La conquête est très importante, mais là elle le sera encore plus que d’habitude. »
Les ballons qu’auront les Rochelais devront se convertir en points. Contre Lyon, les nombreuses percées ne se sont pas concrétisées contrairement aux incursions des Lyonnais, hyper réalistes. Fabrice Ribeyrolles précise : « L’objectif c’est de sensibiliser les joueurs sur notre bon match (contre Lyon) mais aussi les opportunités manquées, le manque de finition. On a voulu se débarrasser du ballon bêtement, faire le geste de trop. On demandera un niveau de précision et de concentration plus élevé pour ce match-là, quand on aura une occasion il faut marquer, point, il faut pas en attendre 3-4. Ça c’est plus du comportement individuel, savoir faire les bons choix sur le moment. Collectivement, on perfectionne quelques courses mais là on arrive à 10 mois de travail, les mouvements et les lancements sont prêts maintenant, on peaufine au niveau individuel et sur les détails. »
Les détails, ça passe aussi par la concentration individuelle face à la discipline. Alors que les Rochelais ont terminé la saison régulière à la première place des équipes les plus disciplinées en termes de cartons reçus (24), les Palois sont les plus sanctionnés dans ce domaine (45). Rester discipliné sera sans aucun doute déterminant dans le résultat du match. Patrice Collazo l’évoque : « La discipline ça fait partie des paramètres qui doivent être maîtrisés et qui sont maîtrisables par la détermination des joueurs. Bien sûr il faudra pas se mettre à la faute, si on prend une avalanche de pénalités ou des cartons on se complique la tâche, surtout sur des matchs couperets comme ça. C’est des paramètres qui pour moi peuvent être maîtrisés, comme on l’a fait jusqu’à maintenant avec parfois moins de 6 fautes en un match. Je suis convaincu qu’on peut aussi mieux faire, mais sur l’ensemble de la saison ça a été un des points positifs. » Alors que les deux équipes sont à égalité du classement des meilleures défenses en termes d’essais encaissés (34), la différence s’est faite sur l’indiscipline des Palois, qui ont encaissé 15 pénalités de plus que les Maritimes. La botte de Fortassin ne se fera pas prier.
« L’aboutissement de la saison »
Les facteurs nécessaires à la victoire sont donc extrêmement nombreux. Pour aborder ce match du mieux possible, les joueurs adoptent une concentration maximale. « Je les sens aussi calmes que d’habitude. Ils sont beaucoup plus exigeants dans leur travail au quotidien sur ce qu’ils doivent faire, l’analyse du jeu de l’adversaire, ils sont beaucoup plus précis. On sent une concentration dans le travail demandé, une petite pointe de questionnement, “est-ce qu’on fait ça bien comme ça ?”, c’est la recherche du détail, de la petite chose qui peut faire la différence. Les joueurs ont envie d’être précis dans leur travail. Après l’excitation va être là mais pour le moment ils sont vraiment concentrés, l’excitation va venir progressivement », confie Fabrice Ribeyrolles. Le groupe devrait être rejoint par les joueurs récemment blessés (Lagarde, Grobler, Jacob, Cestaro), mais des incertitudes subsistent : « Pour l’instant on n’a pas de nouvelles supplémentaires. Pour le moment ils sont quasiment tous partants, mais il y a encore des incertitudes. On décidera samedi », ajoute le coach rochelais. En plus des blessures de Goujon, Murimurivalu, Dorier et Grandclaude, celle de l’un de ces joueurs serait préjudiciable.
Quoi qu’il en soit, les Jaune et Noir sont naturellement tous extrêmement focalisés sur cette demi-finale. Alors que certains Palois souhaitent mettre « la pression sur les Rochelais », Patrice Collazo détaille : « On n’a pas besoin de nous rajouter de pression qui peut être interprétée négativement. Les joueurs sont pas dupes, ils sont impatients de jouer le match, c’est l’aboutissement de la saison. Il faut qu’ils prennent conscience que c’est un match éliminatoire, c’est un fait, si tu perds c’est fini. C’est valable pour les Palois, les Narbonnais, les Agenais. Quand on s’entraîne 10 mois il y a des moments durs, il y en a eu, aujourd’hui on veut que ce soit un bon moment. Jouer une demi-finale, surtout à domicile, ce n’est pas un dû, c’est quelque chose de très important. On a tendance à l’oublier ici puisque c’est la 7e, mais c’est un événement exceptionnel et j’ai envie que les joueurs en profitent et en fassent un bon moment. » Pas de doute, le match de dimanche sera une fête incroyable, la demi-finale à domicile attendue par tout un peuple jaune et noir depuis 4 ans. À Marcel Deflandre pour les plus chanceux ou devant la télé, ils seront très nombreux à espérer que l’issue soit aussi belle.
N.C.