Les Jaune et Noir remportent leur demi-finale

Les Jaune et Noir remportent leur demi-finale


Dimanche, l’Atlantique Stade Rochelais a remporté la demi-finale face à Pau à Marcel Deflandre. Dans une ambiance exceptionnelle, les Jaune et Noir ont livré une prestation aboutie et offert la finale tant attendue à leurs supporters.

Une première mi-temps envolée

Dans un stade Marcel Deflandre en fête tout habillé de jaune et de noir, par un temps magnifique propice au jeu de trois-quarts, les Rochelais ne se sont pas fait prier. Fortassin tape le coup d’envoi, Pau se dégage au pied et Gourdon récupère, accélère au niveau de la ligne médiane, crochète deux défenseurs béarnais et sert après contact Levani Botia qui met les cannes. Il prend quatre Palois de vitesse, dépose Acébès sur un cadrage-débordement d’école, rafute Dry de la main droite, Moa de la main gauche, et plonge dans l’en-but. 30 secondes de jeu, le Stade Rochelais mène 7-0, chauffe ses supporters et tape très fort sur la tête des Palois.

Ensuite, malgré un carton jaune reçu par Lagarde pour plaquage dangereux, les joueurs s’en tiennent à leurs intentions et multiplient les occasions chaudes dans le camp de Pau. Gourdon et Botia multiplient les percées dans la défense (5e, 17e, 32e) et la défense paloise voit rouge, mais les Rochelais ne scorent pas. Pire, Fortassin manque deux pénalités et un drop habituellement sans problème pour lui (14e, 20e, 32e). Même si les Maritimes mènent au score et archi-dominent le match, ce relatif manque d’efficacité aurait pu s’avérer préjudiciable. « On a fait une très bonne première mi-temps, malheureusement on marque pas assez de points. Si on marque sur nos temps forts en première mi-temps, le match est plié », regrette Fabrice Ribeyrolles.

Effectivement, malgré ces ratés, les Rochelais martyrisent leurs adversaires, monopolisent le ballon et multiplient les occasions. À la 29e, après une touche propre dans les 40m palois, Fortassin sert Botia à hauteur qui récidive. Lancé comme une fusée, il casse le premier plaquage, mystifie Hiriart par un double crochet, évite Moa et rafute Acébès qui revenait sur lui. Deuxième essai venu d’ailleurs qui récompense la domination rochelaise dans la possession et la conquête, et permet aux Jaune et Noir de mener 14-0. Patrice Collazo analyse : « Lep’s (Botia) c’est un match winner, mais il a été mis sur orbite par un paquet d’avants très bon, je vais pas dire monstrueux parce que Pau a été très solide. C’est comme Sireli (Bobo), pour que ces joueurs-là puissent s’exprimer, il faut pas oublier ce qui est fait en coulisses. Aujourd’hui, je tire mon chapeau au huit de devant, malgré beaucoup de blessures et une préparation pas évidente, ça s’est pas vu sur le terrain. Pour gagner ce match il fallait avoir une bonne touche, on l’a eue, et il fallait surtout une bonne mêlée. » La conquête maritime est en effet l’élément qui a permis aux Rochelais d’exprimer leurs talents offensifs, et d’annihiler le jeu palois. « En première mi-temps faut pas rêver, on a deux touches propres… Quand t’as zéro ballon pour lancer ton jeu, c’est très difficile d’imposer quelque chose à l’adversaire », concède Joël Rey, entraîneur de Pau.

La mêlée justement offre une nouvelle munition aux Jaune et Noir : elle châtie son homologue, obtient un avantage et permet de lancer le jeu. Sazy percute, Lagarde slalome dans la défense et est stoppé aux 5m, Audy éjecte rapidement pour Cler qui aplatit en bout de ligne. Ça fait 19-0 pour des Rochelais qui dominent ce match de la tête et des épaules. Juste avant a mi-temps, sur l’une des (très) rares incursions paloises, le demi de mêlée Taniela Moa concrétise un beau ballon porté de ses avants et réduit la marque sur la sirène. À 19-7 à la mi-temps, les Rochelais ont un avantage conséquent mais peuvent regretter leurs quelques occasions manquées.

La mêlée force la décision

Dès le coup d’envoi, c’est Pau qui marque : Atonio récupère dans son camp, charge 3 Palois, mais le soutien tarde à arriver et Lescalmel transforme la pénalité. À la 41e, ça fait 19-10 et Pau a marqué 10 points en moins de 2 minutes pour se remettre dans le match. Par la suite, un échange de buteurs porte le score à 25-13 en faveur des Rochelais, après notamment une pénalité de plus de 50m de Fortassin, et Pau marque une nouvelle fois sur ses rares temps forts. Valençon perce dans le camp maritime et sert Manca qui marque en coin et permet à son équipe de revenir à 7 points (25-18, 58e). Comme à leur habitude, les Maritimes ne se sont pas affolés et sont restés pragmatiques. « Quand ils sont revenus, on est restés sérieux et on a enfoncé le clou, et Pau nous a forcés à rester sérieux pendant 80 minutes », précise Patrice Collazo. Fortassin ajoute : « Il y a eu une petite crainte quand ils sont revenus à 7 points, et qu’on était à 14 à cause du carton [de Botia pour un en-avant volontaire peu évident], mais comme toute la saison on n’a pas paniqué. Aujourd’hui on n’a pas eu un grand Fortassin, mais on a eu un grand Botia qui nous a ôté une belle épine du pied. On a eu une très bonne conquête et une très bonne défense. Julien (Audy) a su me suppléer, j’ai pas insisté parce que je savais que c’était un aussi bon buteur que moi, donc ça m’a permis de me concentrer un peu plus sur le jeu et le résultat est là. » Fabien Fortassin a en effet réalisé une très bonne partie dans le jeu, perçant par deux fois le rideau palois et menant le jeu maritime d'une main de maître.

Comme toute la saison, les Rochelais ont pu s’appuyer sur une très grosse mêlée pour récupérer des munitions et des pénalités. Toujours dominatrice, même après le repositionnement d’Atonio en seconde ligne dû aux blessures de Grobler et Cedaro, elle a obligé les Palois à écrouler sous la pression, dans leurs 22m. Decamps prend donc un carton jaune pour accumulation de fautes (66e), de même que Charlet pour avoir écroulé volontairement plusieurs fois devant sa ligne (71e). Christophe Lafoy a été l’un des hommes de l’ombre du pack rochelais et a véritablement écœuré ses adversaires les uns après les autres au terme d’une très grosse performance. Suite aux multiples avancées écroulées, l’arbitre n’a de choix que d’accorder un essai de pénalité aux Maritimes. À 35-18 à la 73e, c’est plié et le public peut exulter.

Félicitations aux Palois

Tout un peuple peut alors célèbrer ses héros. « C’est de la joie, de la fierté. C’est le résultat de 10 mois de travail, récompensés par cette demi-finale à domicile, c’est une première étape », savoure Fabrice Ribeyrolles. « D’abord une grosse pensée pour les joueurs. Ils se mettent dans de bonnes dispositions pour valider leurs 10 mois de travail dimanche prochain. Comme je leur ai dit, “vous avez un pouvoir exceptionnel, c’est de pouvoir rendre heureux 100 000 habitants”, et ça c’est pas donné à tout le monde. On voulait qu’ils prennent conscience de l’enjeu et de la chance qu’ils avaient », ajoute Patrice Collazo. Immédiatement, celui-ci tient à avoir un mot pour l’adversaire : « Le premier truc que je vais dire, c’est de rendre hommage à cette équipe de Pau. La presse s’est régalée toute la semaine à vendre une fausse rivalité, moi aujourd’hui j’ai vu deux équipes qui se sont rendu coup pour coup, c’était un match engagé mais qui est resté normal, donc parfois vaut mieux baisser le chauffage pour ceux qui cherchent à le faire monter. »

Euphoriques, tous gardent les pieds sur terre et avaient déjà la tête à Bordeaux dimanche soir. « On apprécie la victoire mais c’est éphémère, malheureusement les défaites restent plus longtemps que les victoires. C’est un grand moment de joie, beaucoup de travail, mais j’ai aussi beaucoup de respect pour cette équipe de Pau qui depuis 3 ans chute sur la dernière marche. Je vais rester mesuré ne serait-ce que par rapport à Pau », poursuit l’entraîneur des avants. « Cette passion populaire, c’est une grande fierté aujourd’hui. C’est la victoire de toute une saison, c’est ce qu’on leur a dit sur le bilan de la saison : première défense, 65 essais… On a quelque chose, quelque chose s’est créé. On a vu qu’il fallait résumer la saison, on pouvait pas passer à côté. Il y a encore ce manque de réalisme en première mi-temps, mais c’est tellement beau ce qu’on a fait. Ce soir on est heureux, on est en finale, ça fait 3 ans avec Patrice qu’on travaille dur pour offrir une demie à nos supporters, maintenant une finale, c’est une grande fierté. On va profiter ce soir, mais pas trop parce que demain (lundi) on n’a qu’une idée en tête c’est le match à Bordeaux », ajoute Fabrice Ribeyrolles.

Une ambiance exceptionnelle

Tous saluent unanimement le rôle du 16e homme, extraordinaire dimanche. Grâce à leur avance, les Jaune et Noir ont pu « offrir dix dernières minutes de fête à nos supporters » (F. Ribeyrolles), pendant lesquelles les « On est en finale ! » résonnaient. Auparavant, les joueurs ont bénéficié du soutien des leurs pendant tout le match. « Quand t’as 13 000 personnes qui crient derrière toi et te poussent, ça te booste, c’est incroyable », savoure Zeno Kieft, titulaire et excellent dimanche. Patrice Collazo ne dit rien d’autre : « Félicitations au public rochelais, parce que je le connaissais pas en mode phases finales, et quand je les vois comme ça… J’ai envie de dire que j’ai eu la chance de jouer à Toulon, et ils ont rien à envier à personne. Ils ont eu ce qu’il fallait sur le terrain, et les joueurs ont eu ce qu’il fallait en retour dans les tribunes ».

Fabien Fortassin compte sur la même ferveur dimanche, au stade Chaban-Delmas : « J’espère que tous nos Rochelais viendront nous voir à Bordeaux, parce qu’on aura vraiment besoin d’eux, ils nous ont bien aidés ce soir, j’espère voir beaucoup de jaune et de noir à Bordeaux. Aujourd’hui, ils ont répondu présent, heureusement nous aussi, merci à eux et rendez-vous dimanche prochain ! » Avant de se confronter à la dernière marche, le rendez-vous est donné. Aucun doute, il sera entendu.

N.C.