Dans des conditions climatiques bridant le jeu au large, le Stade Rochelais s’est incliné de peu sur la pelouse d’une US Dax vaillante, au terme d’un match globalement teinté d’un manque de maîtrise et de réalisme.
Un déficit d’efficacité
Dès le coup d’envoi, les Rochelais sont plus percutants et performants dans le jeu au pied. Après un échange de coups de pieds, ils font souffrir les Dacquois sur la ligne médiane et obtiennent deux pénalités lointaines en début de match, puis une troisième à 35m des poteaux ; tentées par Fortassin, elles sont manquées et laissent Dax espérer. Le manque de réussite au pied s’est rapidement doublé d’un déficit d’efficacité offensive.
Dans un match cadenassé notamment à cause d’un terrain lourd et de conditions climatiques difficiles, les occasions d’essai que les Rochelais ont su se procurer ont toutes été avortées : Geledan a été stoppé à 2m de la ligne d’en-but (24e), l’action suite à une touche à 5m s’est soldée par un en-avant (26e), le coup de pied à suivre dans l’en-but landais n’a pas empêché un Dacquois d’aplatir en catastrophe malgré la pression de Le Bourhis (29e), la grosse percée de Fortassin puis de Le Bourhis à partir de leur camp a été mal conclue (31e), et la pénalité vite jouée par Fortassin amenant les Maritimes à 5m de l’en-but a été suivie d’un en-avant après avoir écarté le jeu (35e).
Au retour des vestiaires, si les Dacquois se sont cette fois montrés relativement plus enthousiastes que les Rochelais, les Jaune et Noir ont continué à se procurer des occasions franches en toute fin de match : la percussion d’Atonio puis le relai de Le Bourhis ont fini en touche (72e), le coup de pied à suivre de Cestaro a été sauvé in extremis par Salle-Canne face à la course de Lagarde qui filait à l’essai (78e), puis les deux dangereux mauls maritimes ont été écroulés par les Dacquois sur la sirène, sanctionnés par un carton jaune (80e), et enfin la dernière mêlée à 5m a malheureusement été pénalisée par l’arbitre (82e). Cela fait donc au moins 9 occasions franches pour les Rochelais qui n’ont pas été récompensées par un essai. Si cela accentue les regrets dus à la défaite et à ce manque d’efficacité devenu problématique, c’est la preuve que les Maritimes ont globalement tenu le ballon et occupé le camp dacquois ; 6 de leurs 9 points débouchent directement de percées et d’accélérations de Cestaro (30e) et Cedaro (59e).
Un manque de maîtrise sous les ballons hauts
Comme l’état du terrain le laissait penser, le match s’est beaucoup résumé à un échange de coups de pieds, entre chandelles et jeu d’occupation. Dans ces deux exercices, les Rochelais ont péché. S’ils se sont montrés dangereux par trois fois après un coup de pied à suivre (28e, 31e, 78e), ils ont aussi avorté plusieurs attaques par ce biais. Surtout, les Dacquois ont été plus dangereux avec ce système et leurs rares occasions ont découlé d’un jeu au pied bien dosé et suivi d’une bonne pression offensive.
Jamais prise en défaut, la défense maritime a en revanche péché sous les ballons hauts. Ainsi, Goujon contrôle mal une chandelle dans ses 22m aboutissant à une touche pour Dax (11e), le coup d’envoi est mal maîtrisé par les Rochelais, ensuite pénalisés (9-6, 56e), le coup de pied par-dessus de Potgieter met Cestaro sous pression, obligé de garder le ballon au sol (12-9, 69e), et enfin les Rochelais cafouillent successivement plusieurs coups de pieds dacquois alors que la fin du match approchait (76e).
Enfin, le jeu d’occupation a souvent été à l’avantage des locaux. À part quelques coups d’éclat de Berger (23e) et les dégagements de Fortassin suite à des pénalités, les Rochelais ont péché dans le jeu au pied d’occupation. Les touches n’ont que très rarement été trouvées, laissant l’initiative du contre à Potgieter et ses camarades.
La victoire plutôt que le match nul
En toute fin de match, alors que les Rochelais campaient les 10 derniers mètres landais, l’occasion leur a été donnée de tenter la pénalité du bord du terrain pour arracher le match nul. Ils ont choisi d’aller en touche, créant deux énormes mauls écroulés par les locaux, pénalisés par un carton jaune légèrement à droite des poteaux. Après cette nouvelle faute, la pénalité aurait pu assurer le match nul, mais à un joueur de plus sur le terrain et connaissant les qualités de leur pack, les Jaune et Noir ont choisi la mêlée afin de privilégier l’opportunité de ramener la victoire et trois points de plus, plutôt que d’assurer le match nul et de glaner un point supplémentaire.
Même si ce choix peut être critiqué après-coup, il s’imposait au vu de la domination des Maritimes en cette fin de match, de la supériorité numérique et de la solidité en conquête. Malgré quelques pénalités pour poussée en travers – y compris sur cette action –, la mêlée a globalement été équilibrée des deux côtés, avec un léger avantage pour les Rochelais qui ont enfoncé leur homologue par deux fois. La touche a également été contestée de part et d’autre, avec quelques ballons perdus sur leurs lancers de chaque côté, compensés du même coup par certains ballons volés sur lancer adverse. Sans être géniale, la conquête était donc solide et équilibrée, de quoi espérer un dénouement autrement plus favorable que celui connu par les hommes de Ribeyrolles et Collazo.
C’est donc essentiellement à cause d’un manque d’efficacité et d’une certaine fragilité sous les ballons hauts que le Stade Rochelais s’est incliné sur la pelouse landaise, plutôt qu’à cause du choix de chercher la victoire en fin de match. Avec 9 points manqués au pied et plusieurs occasions franches avortées, les Rochelais repartent de Dax pleins de regrets mais surmotivés pour la réception d’Auch dans deux semaines.
N. C.
Photo : Martial Souchard