De retour en Top 14, le Stade Rochelais reçoit le grand Stade Toulousain pour un premier match à domicile qui s’annonce très compliqué. En effet, les Toulousains, bardés de leurs 4 titres de champion d’Europe, leurs 19 boucliers de Brennus et leurs 5 challenges Yves du Manoir, ne jouent pas dans la même cour que les Rochelais.
Sur les 28 matchs de première division qui ont opposé les deux clubs, on ne compte que 3 victoires rochelaises pour 22 toulousaines et 3 nuls. Depuis 1967, vingt confrontations ont eu lieu et seules 2 victoires des Jaune et Noir sont venues perturber les Rouge et Noir. C’est la dernière d’entre elles que nous allons évoquer maintenant.
Cette saison 2000-2001 marque deux événements majeurs dans la maison maritime. Premièrement, pour se mettre en conformité avec les nouvelles règles professionnelles que la ligue impose aux clubs,le Stade Rochelais, régit par le statut associatif loi 1901, laisse la place à l’Atlantique Stade Rochelais, société anonyme à objet sportif (SAOS). Deuxièmement, sur le plan strictement sportif, cette saison verra les rochelais mettre fin à 34 années de disette face au prestigieux Stade Toulousain.
Une 1ère mi-temps toulousaine
Le 24 février 2001, Deflandre est archicomble. 9500 spectateurs espèrent l’exploit de leurs protégés, devant l’ogre toulousain et ses 16 internationaux. Après une entame très dynamique des rochelais qui ouvrent le score par un but de Jean Baptiste Elissalde, les hauts garonnais répliquent par un drop d’école de Xavier Garbajosa (3-3). Tout au long de cette première mi-temps, la puissance toulousaine met à mal les avants rochelais. Deux essais de Jérôme Cazalbou et d’Isitolo Maka récompensent les Rouge et Noir, qui atteignent la pause sur le score de 15 à 3. Le Stade Toulousain a posé sa grosse patte sur le match comme à son habitude, même s’il est un peu contrarié par la perte de deux joueurs, sur carton jaune, aux 39ème et 40ème minutes.
Retour fantastique des rochelais
Au repos, l’entraîneur Jean Pierre Elissalde recadre ses troupes et affine la tactique, incitant à jouer plus au large. Profitant de leur supériorité numérique de ce début de seconde mi-temps, les rochelais se rapprochent à 13-15 (essai de Romuald Paillat et but de J B Elissalde). L’espoir est revenu chez les locaux qui se battent comme des lions, poussés par un public enthousiaste. Après un passage à vide sanctionné pour les toulousains, Elissalde enquille la pénalité qui permet aux maritimes de tenir leur exploit (16-15).
Un final haletant
L’horloge tourne trop lentement pour des spectateurs qui frisent la crise cardiaque ! Le temps réglementaire est quasiment terminé quand la poutre argentine, German Llanès, est sifflé pour un placage haut à 30m face aux perches. Malgré deux échecs précédents, le buteur toulousain Michel Marfaing ne rate pas cette occasion en or (16-18). On entame le temps additionnel, le Stade Rochelais pousse et attaque à tout va. Les actions s’enchaînent de part et d’autre du terrain ! Après 6 temps de jeu et un dernier point de fixation aux 30m, le demi de mêlée Christophe Larrue ajuste une passe précise à J B Elissalde. D’un drop en feuille morte qui n’en finit pas de retomber, l’ouvreur international rochelais envoie son club et ses milliers de supporters au paradis ! 19 à 18 : Marcel Deflandre chavire, ivre de bonheur !
Cette magnifique victoire a été déterminante dans la lutte pour le maintien, objectif principal du club maritime. Quelques semaines plus tard, l’ASR classé officiellement 13ème club français, intègre le futur Top 16. Mission accomplie !
Le 24 février 2001 a été un exploit décisif pour rester dans l’élite du rugby français. En sera-t-il de même le 30 août 2014 ?
Les 21 rochelais , héros de cette rencontre : Vialaret(cap), Brunet, Tetlow (Bouché 66ème),R Paillat, Toala, J B Elissalde (o), Larrue (m), Bonesso (Fiorèse 61ème), Harvey, Joulin (Leif 80ème), Llanès, Yandell, Bozzi(Paoletti 32ème), Albinet (Vicard 52ème),Garcia (Sparks 52ème)
François Fuzeau
Sources :
« Stade Rochelais 1998-2008 : 10 ans dans l’ère professionnelle » de J M Blaizeau
« Guide de l’amateur de rugby 2014 » au Petit Futé